J-6
Et oui, plus que 6 jours avant le grand depart, lundi prochain. Un peu tôt pour poster mon ultime message me direz-vous, mais je suis d'humeur inspirée en ce moment-même, donc allons-y. Ces dernières semaines ont été pour moi l'occasion de faire toutes les choses que je voulais faire et que je n'avais pas fait.
Des vacances a Buenos Aires avec Daniella et Sahar. Des rencontres infortuites avec des dames moches qui veulent m'embrasser
Avec un détour d'une tranquilité poétique par Colonia, Uruguay
De retour à Santiago, vomi avec Morgan et Daniella dans le río Mapocho, la rivière la plus sale du monde qui mettrait Mouille dans tous ses états
Faire du tourisme a Valparaíso avec Marlen et quelques nouveaux arrivants
Aujourd'hui, Marlen est repartie au Mexique, où elle espère vainement réaliser son rêve, changer le monde, elle aussi. C'est tombé le même jour que le début de mon 7e mois au Chili. Déjà 6 mois, et quoi de neuf ? Un dégoût partagé de tous envers Santiago, qui s'embourbe jour après jour un peu plus dans ses inégalités maladives, où les riches n'ont pas trouvé d'autre moyen pour lutter contre la pauvreté que de l'ignorer en s'entassant dans des immeubles neufs dans des quartiers chics et propres, essayant d'oublier leur propre culture pour paraître le plus occidentaux possible, donnant un peso aux pauvres a chaque fois qu'ils vont au supermarché (équivalent: moins de 0.1 centime d'euro). La ségrégation sociale ici me fait vomir, mais en même temps, comment faire face à une situation gâchée par une économie mondiale dont les processus surendettent la moitié de la population et rendent les initivatives "vers un monde plus juste" si anecdotiques ?
Car, moi aussi, ici, je me suis comporté comme ces riches qui fuient cette pauvreté tenace dans laquelle personne ne veut tomber: enfermé dans mon quartier riche, il m'a parfois fallu(s) oublier pourquoi je suis venu ici pour continuer à m'amuser, dans une ville où parfois règne un racisme compréhensible envers tout ce qui se rapproche des Etats-Unis. Le fait est que j'en ai profité, et que j'ai vécu un expérience réellement incroyable ici, j'ai surtout rencontré des gens merveilleux des quatres coins du monde (littéralement) avec lesquels garder contact me paraît nécessaire. Aujourd'hui, l'énorme majorité de mes compagnons d'infortune sont chez eux et leurs visages me hantent déjà. Je dois encore attendre jusqu'à lundi prochain pour faire de même et revenir à une vie effrayante où je vais devoir commencer a faire des choix. Et ca, ca fait vraiment flipper. Toujours est-il que je garderai pour toujours un souvenir ému de cette césure, et je plains réellement ceux qui n'ont pas eu la chance d'y goûter. Ca a vraiment été le meilleur choix que j'ai jamais fait de ma vie.
Cette césure m'a littéralement changé, vous pourrez donc admirer un Phabien tout neuf à la rentrée, ou même en août pour certains... Sur ce, je vous fais une bise, et vous dis à très bientôt.